Critique du divorce d’épanouissement personnel

Emmanuel Dion

Annexe 1 - Violence faite aux femmes, violence faite aux hommes ; réfutation statistique des thèses misandres

Afin de modérer, à mon humble niveau, les très nombreuses campagnes de presse et de publicité réalisées dans le monde entier pour lutter contre les violences conjugales (http://dailygeekshow.com/2013/08/15/les-12-campagnes-choc-les-plus-brutales-contre-les-violences-conjugales/ ) et tendant à suggérer que les hommes sont plus dangereux pour les femmes que l’inverse (il faudrait d’ailleurs s’interroger sur les circuits de financement de ces campagnes, et l’intention d’ingénierie sociale qui les préside), je souhaite proposer une démonstration établissant que, contrairement aux idées reçues, les femmes causent davantage de morts d’hommes que l’inverse (au moins en France, à l’époque contemporaine).

Eléments de dénombrement des morts volontaires (meurtres et suicides) relatives à la vie de couple (en France, vers 2010)

Le cas des suicides conjugaux

L’excédent de décès chez les femmes à la suite de violences causées par leurs maris :

Ce calcul est simple et fait l’objet d’une lourde communication publicitaire : le chiffre officiel sur les décès consécutifs aux violences conjugales est de 156 femmes contre 27 hommes en France en 2008. Le solde est donc de 130 décès.

L’excédent de décès chez les hommes à la suite de suicides consécutifs à un divorce demandé par les femmes :

Le calcul est plus complexe et jamais porté à la connaissance du public, bien qu’il repose sur de nombreuses études socio-démographiques sérieuses ; en voici les termes :

Le nombre de suicides est d’environ 12000 par an. Les hommes sont 3 fois plus nombreux à se suicider que les femmes ; on constate par exemple qu’en 2008 en France le taux est de 26 pour 100000 pour les hommes contre 7 pour 100000 pour les femmes. Cette tendance est très ancienne et très stable. On peut d’ailleurs supposer que ces statistiques sous-évaluent le rapport hommes/femmes dans le sens où les femmes sont plus démonstratives (en témoignent le nombre incomparablement plus important de tentatives de suicides ratées chez les femmes) et qu’au contraire un nombre probablement plus important de suicides masculins sont masqués (pour des raisons morales ou pratiques, comme les conséquences en termes d’assurance décès). L’excès de suicides hommes/femmes est donc de l’ordre de 6000 par an (9000 contre 3000), soit environ 4000 pour les individus ayant vécu en couple avec enfants (6000 contre 2000).

Un facteur aggravant du suicide est le divorce, qui multiplie le taux de suicide par environ 2. Le taux de mariages se soldant par un divorce étant de l’ordre de 30%, on a donc environ un tiers des suicides constatés qui sont en lien avec le divorce (il faudrait bien sûr détailler par classe d’âge, mais l’ordre de grandeur resterait inchangé). Appliqué à la base de calcul de 4000 indiquée plus haut, ce taux suggère une surmortalité des hommes de l’ordre de 1400 à la suite d’un divorce (2000 hommes contre 600 femmes).

(Source : C. Crump, K. Sundquist, J. Sundquist and M. A. Winkleby (2014). Sociodemographic, psychiatric and somatic risk factors for suicide: a Swedish national cohort study. Psychological Medicine, 44, pp 279-289. doi:10.1017/S0033291713000810. http://cedref.revues.org/387#tocto1n2 ).

Or le divorce est demandé par les femmes dans 65% à 70% des cas. Sur la surmortalité de 1400 hommes constatée plus haut, environ 1000 décès contre 400 auraient pour origine la décision des femmes, soit une différence de 600.

On peut donc chiffrer l’excédent de décès chez les hommes à la suite de suicides consécutifs à un divorce demandé par les femmes à 600.

Comparaison des excédents :

130 contre environ 600 : les femmes provoquent 4 à 5 fois plus souvent la mort des hommes que l’inverse dans le cas des couples mariés.

Limites :

On pourrait bien sûr dire que les violences réelles faites aux femmes (blessures non mortelles mais bien réelles) sont en nombre bien supérieur. L’argument se retourne cependant facilement puisque la souffrance morale faite aux hommes privés de leurs enfants est probablement tout aussi répandue, mais encore moins mesurable. On ne peut mesurer et comparer avec certitude, pour chacune des catégories, que les cas les plus extrêmes aboutissant à la mort.

Commentaires :

D’une façon assez conforme au bon sens moral ou à une forme singulière de noblesse de comportement, on préfère souvent se supprimer soi-même plutôt que supprimer l’autre quand on juge que la vie ne vaut plus la peine d’être vécue après la séparation (du conjoint, ou de ses enfants par voie de conséquence).

On peut aussi faire l’hypothèse que la manifestation de la violence diffère entre hommes et femmes, alors même que la violence elle-même est assez distribuée. La violence réelle est parfois liée à la situation (économique, professionnelle, affective, culturelle, etc.) ; quand celle-ci se dégrade la violence se manifeste davantage. En revanche, les formes de cette violence ne sont pas les mêmes pour les hommes et les femmes. Les femmes usent davantage de la violence psychologique/langagière, les hommes de la violence économique/physique. En outre, les hommes ont davantage tendance à intérioriser (i.e. retourner la violence contre eux) et les femmes à l’extérioriser (i.e. en parler, s’en plaindre, voire la fantasmer). Il est notable par ailleurs que les femmes battues ont souvent des difficultés à rompre avec le compagnon violent, retournant vivre avec lui alors même qu’un autre compagnon plus doux se présente (syndrome du « bad boy », déjà présent chez Edith Piaf) ; symétriquement, des hommes pourront retourner vivre avec une femme volage malgré la peine que son infidélité leur cause (cas typique des mariages avec d’anciennes prostituées Thaï) : ce qui montre bien aussi qu’il y a une dimension sexuelle symbolique à l’œuvre dans la manifestation de la violence, et la capacité des hommes et des femmes en accepter les termes dans une certaine mesure.

Une excellente illustration peut en être donnée par la scène du meurtre de Bridget Fonda par Robert de Niro dans Jackie Brown :

Cette hypothèse pourrait être défendue par le fait que les hommes usent du même type de violence pour régler les tensions entre eux (rivalité économique, bagarres) ; et que côté féminin, c’est la même chose (chamailleries, manipulations triangulaires). On pourrait discuter longtemps sur la dimension culturelle ou génétique du phénomène ; on peut dans tous les cas se contenter d’observer que ces traits sont déjà parfaitement évidents dès l’école primaire. C’est peut-être pour ces mêmes raisons qu’on trouve davantage d’hommes parmi les criminels/suicidés/SDF (violence réelle, souvent auto-infligée) et davantage de femmes dans les services sociaux/hôpitaux psychiatriques/etc. (violence symbolique, souvent auto-infligée).

Il me paraît intéressant de noter, à titre de remarque connexe au raisonnement présenté ici, que certaines associations de défense des droits des homosexuels ont lancé en février 2015 une campagne publicitaire reposant sur des arguments voisins.

L'un des points à noter est que dans cette campagne, la cause des suicides est directement attribuée à l'augmentation des actes et paroles homophobes (et non pas à l'homosexualité elle-même); les association qui en sont à l'origine ne s'y interrogent d'ailleurs pas sur le caractère potentiellement contreproductif de leur action (l'augmentation des actes homophobes pouvant être liés à des réactions à une plus grande visibilité/revendication ostentatoire de l'homosexualité qu'eux-mêmes encouragent, dans le cadre d'une stratégie dite "de la tension"). Ce que je trouve pour ma part le plus amusant, si l'on veut, c'est toujours l'existence d'un contenu implicite (ici: "l'homosexualité, c'est normal") sous-tendu par l'idée d'une marche vers le progrès, autrement dit une position moralisatrice reposant sur le conformisme et non l'argumentation construite. Imagine-t-on une campagne masculiniste prenant la défense des hommes et annonçant, avec le même visuel et le même principe de simplification causal, "les hommes se suicident trois fois plus que les femmes (un suicide toutes les 55 minutes en France). Les femmes pourraient-elles cesser de les harceler?"

Le cas des homicides

Si on retient les cas voisins des crimes passionnels, on remarquera que :

Le nombre d’homicides par an en France est d’environ 1000, dont 88% causés par des hommes (approchés par le nombre de suspects en Suisse) et 60% sur des hommes (idem). Donc on aurait en gros 350 femmes tuées par des hommes, et 500 hommes tués par des hommes (incorporant sans doute de nombreux crimes crapuleux, en plus des crimes passionnels homosexuels. On rappelle que le nombre de suicides est pour sa part beaucoup plus élevé (de l’ordre de 12000) Tout laisse à penser que dans les situations de drame passionnel typique, on a deux cas de figure :

Il y a seulement deux impétrants, un homme et une femme le plus souvent (cas hétérosexuel), et si la situation est jugée insupportable, on préfère se supprimer plutôt que supprimer l’autre

Il y a trois impétrants, et dans ce cas on préfère dans l’ordre se supprimer, puis supprimer son compagnon/sa compagne, puis supprimer le rival (ce n’est pas une question de politesse, mais sans doute de nécessité psychologique liée à la volonté de contrôler davantage ce dont on est le plus proche)

Par ailleurs, le contexte actuel ne prédispose pas particulièrement aux violences extrêmes (les homicides, par exemple, sont plutôt en baisse tendancielle), ce qui n’empêche pas le milieu associatif et politique de communiquer et de feindre d’agir en sens contraire.




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