De l'humanisme à l'homanisme

5 - La rivalité symbolique entre l'homme et Dieu

Il devient dès lors capital de comprendre comment s'organise en particulier le rapport de l’homme à Dieu en fonction des principales postures métaphysiques possibles.

On peut par exemple souligner la différence de position entre tous les monothéismes (particulièrement l'islam, qui suppose une soumission -volontaire mais soumission quand même- du fidèle à Dieu) et l'humanisme des Lumières (qui postule une autonomie de l'homme, soit une forme d'insoumission, non pas de type conflictuel, mais plutôt de nature logique -selon l'adage "souffrir le partage de l'autorité, c'est l'avoir perdue"; un maître peut avoir de nombreux esclaves, mais un esclave ne peut avoir qu'un seul maître).

Il existe de ce point de vue une spécificité de la culture française du point de vue du rapport à Dieu, bien illustrée par la remarque de Voltaire à propos de Dieu « nous nous saluons mais nous ne nous parlons pas ». Cette remarque peut en effet être considérée comme relevant d’une prétention sacrilège, puisque l’homme est placé en situation d’homologue, et non de sujet, de Dieu. Or placer l’homme au niveau de Dieu, c’est pratiquement éliminer celui-ci en tant que guide spirituel.

On peut aussi rappeler certains grands moments de l'histoire de France, notamment la décapitation du Roi (monarque de Droit divin guillotiné par le «peuple»), qui constitue une mort physique précédant la mort symbolique, plus tard consacrée par Nietzsche; la mort symbolique étant sans doute plus importante car la disparition physique du Roi ne constituait pas nécessairement un attentat à la monarchie, celle-ci se définissant comme pratiquement immortelle "Le roi est mort, vive le roi"). Mais Dieu a aussi été évacué de la culture française par l'anticléricalisme de la fin du XIXème et du début du XXème siècle, puis par l’indifférence et la sacralisation de la marchandise, l'épisode de mai 1968 constituant une forme de synthèse de l'ensemble. A titre d'illustration, on peut retenir l'image de la substitution du slogan « Au plaisir du peuple » à l'ancien « Au plaisir de Dieu », dans la saga des Plessis-Vaudreuil racontée par Jean d'Ormesson .

Ces différents épisodes historiques ont dans tous les cas une conséquence bien réelle quoique peu connue: la France est l'un des pays du monde dans lequel la croyance en Dieu est la plus faible, sensiblement dépassée par la conjonction de l'at éisme et de l'agnosticisme.

Source: http://fr.wikipedia.org/wiki/Analyse_statistique_de_l%27ath%C3%A9isme#mediaviewer/File:Europe-atheism-2005.svg

Source: http://fr.wikipedia.org/wiki/Analyse_statistique_de_l%27ath%C3%A9isme#mediaviewer/File:Europe_belief_in_god_upd.png




Retour au sommaire