De l'humanisme à l'homanisme

2 - L’humanisme comme système de pensée total

Une définition naïve ou intuitive de la notion d’humanisme pourrait être la suivante :

L’humanisme est un(e)
système/courant de pensée/doctrine/idéologie
qui
définit/place/choisit/prend
l’homme
comme
objet/projet/sujet/valeur central(e)
de la
Création/civilisation/du monde.


On notera au passage que la notion de doctrine peut prendre des formes variées : scientifique, politique, religieuse, philosophique, esthétique/artistique. Si l’on retient (logiquement puisqu'on s'intéresse à une matière humaine) une approche du phénomène plutôt fondée sur les sciences humaines au sens large (l’homme comme acteur central du phénomène étudié), on pourra s’inspirer des disciplines suivantes : Histoire, politique ; sur les sciences humaines au sens étroit (l’homme comme objet d’étude) : philosophie (« Qu’est-ce que l’homme ? » : l’une des principales questions de Kant), psychologie, sociologie, ethnologie ; ou sur la science humaine par excellence : l'anthropologie. Ces sciences humaines ne sont pas (et ne peuvent pas être) exactes parce que l’homme est un être composite ou complexe (agrégeant plusieurs dimensions incommensurables, soit en particulier la dimension naturelle et la dimension spirituelle) et en partie imprévisible, irrationnelle ou en devenir (contingence historique, approches philosophiques existentialistes comme celles de Nietzsche ou de Sartre).

Quoi qu'il en soit et quel que soit l'angle d'étude retenu, l'humanisme, en termes d’ampleur de la vision du monde qu'il construit et des enjeux qui en découlent, ne peut guère être comparé qu’aux plus vastes des différents systèmes de pensée en «-isme » concurrents : monothéisme (judaïsme, christianisme), matérialisme (socialisme, libéralisme, utilitarisme), par exemple. L'humanisme peut d'ailleurs, si l'on cherche à en mesurer l'ampleur historique, être considéré, aux côtés du matérialisme avec lequel il s'est en partie allié, comme le courant d'inspiration majeur de la civilisation occidentale (si tant est que celle-ci existe en tant qu'ensemble homogène), voire de l'époque moderne tout entière.

En tant que système de pensée total (donc potentiellement totalisant si ce n'est totalitaire), l’humanisme ne pense ni ne prépare son propre dépassement. Toute sortie d’une idéologie fondée sur lui (d'une manière avouée ou implicite) risque donc de se manifester par une forme de crise, crise d’autant plus forte que le système a pu s’imposer auparavant comme système dominant, même s'il existe aussi, à titre assez marginal cependant, des formes d'humanisme plus intrinsèquement modestes comme l'humanisme évolutif, davantage portées sur le compromis avec d'autres systèmes de valeur comme l'écologie.

Nous postulons ici que le sentiment de crise permanente qui caractérise l'Occident depuis 1973 relève en partie de cette crise de l'humanisme, pourtant rarement précisément nommée.




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