Une approche Zen de l’éducation

Concernant l’éducation des jeunes, il est légitime et estimable de chercher à améliorer la moyenne (éducation de masse, normative) ou de chercher à sauver les moins bons (lutte contre l’échec, compréhensive). Cependant, il est également important de chercher à améliorer les meilleurs, en considérant que ce sont eux qui pourront le plus faire changer les choses à l’avenir (option élitiste, sélective). L’accent étant actuellement plutôt mis, en France, sur les deux premières approches (nivellement- voire alignement démagogique- vers le bas, peut-être dans la perspective d'un projet de promotion du consumérisme), il pourrait être légitime de chercher par complément à développer la troisième approche.

On peut aussi tenter de poursuivre les trois approches simultanément, consistant à élaborer un message adapté à tous, que chacun peut comprendre à son niveau à condition de le vouloir : il conviendra alors de produire un discours symbolique assumé, propice à la projection de tout type d’audience : poésie (au risque de l’hermétisme ou d’un esthétisme subjectif), expériences de pensée, paraboles ou métaphores plus ou moins explicites. Le dilemme de l’auteur/professeur devient alors de faire le choix de certains objets particuliers au sein de ces genres (pourquoi Baudelaire plutôt que Verlaine ?), l’absence de technicité du propos interdisant d’apporter à cette question une justification objective. C’est donc le retour à une relation subjective de maître à élève, avec les bons et les mauvais côtés du caractère arbitraire d’une telle relation.

La pratique du Zen s’inscrit dans cette voie. S’opposant à la fois à l’approche compréhensive (par l’absence d’explicitation des messages délivrés) et à l’approche normative (par l’absence de règle dans les séquences questions/réponses), elle vise à transférer l’illumination par la prise de conscience par l’élève du fait que la réponse à ses questions ne peut venir que de lui-même. De ce point de vue, elle s'oppose à la tendance de l'époque à prétendre tout résoudre par le verbe (apologie de la discussion et du débat, promotion de la psychothérapie par la parole, inflation du droit).

Pour s'imprégner des principes du Zen, je ne saurais trop recommander la lecture de cet excellent recueil en bandes dessinées dont j'ai numérisé une partie du contenu ici, et donc voici un exemple qui illustre à quel point le Zen enseigne à se méfier des mots.





Une autre voie Zen consiste à se référer à la très subtile présentation de David Madore dont j'ai fait à tout hasard une sauvegarde ici.

Une autre voie encore consiste, plutôt qu'à chercher une approche directe du Zen, à écouter ce que certains en disent librement sur certains forums de discussion comme celui-ci.

Une fois qu'on s'est approprié l'idée, on peut la retrouver dans beaucoup de situations inattendues, comme celle d'un sketch de Pierre Desproges. Le Dharma étant a priori partout, il est aussi parfois là où on l'attend le moins. Il suffit de se mettre dans la disposition d'esprit adéquate pour sentir sa présence et s'en trouver transformé.