Jusqu'où collaborer ?

Conclusion

4 - Vers une morale du futur

Un dernier point intéressant de la pensée stoïcienne est celui relatif aux résultats d'une action, et en particulier à l'échec: « Et si on perd la partie? Perdre aussi fait partie de la nature des choses. Si on perd la partie, la dihairesis qui nous guide nous empêche de faire quelconque réclamation pour ce qui advient et qui ne dépend pas de nous. En effet, il faut accepter ce que les événements et le destin nous apportent, tant que ceci n’est pas de notre ressort. L’Homme est partie intégrante d’un système qui le dépasse. Plutôt que de s’opposer vainement au sort qui lui est réservé, il l’accepte et dit merci pour l’occasion qu’il a eu de jouer, car il comprend le divin qui est en lui et fait raisonner sa vie au diapason de ses jugements guidés par la dihairesis. Cela signifie que, pourvu qu’on ait sauvegardé la liberté de notre prohairesis et respecté les règles du jeu, même si on a perdu le match d’un jour, le vrai match a toujours été gagné.» (source Wikipédia, version juin 2012)

Cette remarque capitale peut être mise en relation avec la théorie des multivers. Ce qui compte est toujours d’agir de manière à avoir raison dans le sous-ensemble de branes le plus souhaitable possible (cette souhaitabilité étant évaluée de manière probabiliste). Si en définitive, la brane qu’on continue de parcourir de son champ de conscience (autrement dit de vivre) se révèle défavorable, on n’a rien a regretter car on sait que de nombreuses autres branes existent qui compensent celle-là. On peut aussi agir en ayant pour principe de garder intacte la possibilité d’existence de la brane idéale (qui serait celle d’un kantisme généralisé volontairement décidé par tous). Le cas est transposable à la théorie des probabilités. Si on doit choisir de sauver une âme en fonction d’un coup de dés, qu’on a la responsabilité de choisir comme résultat salvateur 1-2-3-4 contre 5-6, qu’on choisit (logiquement) la première option, et que le 6 tombe, on a perdu mais on avait raison. On ne peut exiger mieux.

Dans une telle perspective, on peut penser que le kantisme stoïque constitue la seule voie morale compatible avec la théorie des multivers.


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