Jusqu'où collaborer ?

Préambule

Le présent texte a pour origine un projet de courte conférence destinée aux étudiants de classe préparatoire, mais s'est trouvé progressivement enrichi de nombreux développements et de multiples sources, si bien que sa présente forme est plutôt celle d'un ouvrage en ligne. Ce que j'appelle ici "ouvrage en ligne" n'est ni directement comparable à un ouvrage classique (livre, article, thèse) ni non plus à une entrée de blog ou à une page web. Il se situe, en quelque sorte, entre ces deux extrêmes. De l'ouvrage classique, il tient sa mise en page, sa longueur (l'équivalent d'environ 250 pages au format de poche) et surtout sa propension à se lire d'un seul tenant, du début à la fin, tout en conservant sa cohérence interne. De la page web il tient la profondeur et la praticité de l'appareil de référence, par l'abondance des liens externes et internes dont il est doté.

Tenant tout à la fois le rôle de l'auteur et de l'éditeur de l'ouvrage, il me semble utile de donner avant sa lecture quelques conseils sur la manière dont il doit être approché:
  • Les sources sur lesquelles il repose revêtent une importance considérable, du fait que par souci de lutter contre la redondance, ces sources ont rarement fait l'objet d'une reformulation, même simplifiée, dans le texte de base. Je pense en particulier ici aux liens pointant vers des pages Wikipédia, qui n'ont été mis en place que lorsque la consultation des pages en question apporte un éclairage utile à l'analyse, et non par simple facilité ou habitude: Le lecteur qui n'aura pas une connaissance préalable de ces sources ne pourra accéder à l'ensemble de la démonstration qu'en s'y référant attentivement, autrement dit en lisant les textes référencés (parfois surlignés pour en faciliter la compréhension), en regardant les vidéos et en écoutant les bandes sonores données en référence (dont j'ai pris le plus souvent le soin de ne garder que la partie directement utile). A défaut, la plus grande partie du raisonnement sera inaccessible, et toute approche critique rendue difficile. Dans la quasi-totalité des cas, les sources ont été stockées au sein du site de manière à pouvoir résister à la disparition de leur emplacement d'origine (autrement dit à éviter les liens morts), ce qui a représenté une bonne partie de l'effort éditorial consacré à l'ouvrage. Cependant, la source externe est également pratiquement toujours mise en lien pour des raisons de mise en contexte et de respect du droit d'auteur, et elle demeurera valide tant que les documents continueront d'y être en place.
  • Les différentes parties constitutives de l'ouvrage sont peut-être un peu plus indépendantes les unes des autres que dans le cas d'un ouvrage papier, mais il existe tout de même une certaine logique linéaire de lecture. On trouvera d'ailleurs occasionnellement des expressions comme "plus haut" ou "plus loin" qui témoignent de ce déroulement logique. En conséquence, les recommandations données tout à la fin du texte ne pourront être comprises dans leur justification complète qu'après la lecture de l'ensemble de ce qui les précède.
  • Il existe plusieurs modes d'affichage du texte en ligne. Pour l'afficher de façon optimale, il est conseillé d'utiliser Firefox, ou à défaut n'importe quel navigateur Internet à l'exception d'Internet Explorer. La feuille de style (CSS) par défaut charge la version de l'ouvrage la plus générale, celle qui fait apparaître la totalité du texte considéré comme utile. Il pourra exister à l'avenir d'autres options permettant un affichage différent, surlignant par exemple les passages les plus importants, ou n'affichant pas les passages considérés comme moins bien rédigés, et non encore disponibles dans leur version définitive. Pour accéder à ces différents modes d'affichage, il convient d'utiliser sous Firefox la commande "Affichage/style de la page", sous Opéra le menu style, et sous Internet Explorer le menu Outils/Option Internet/onglet Général/accessibilité.
  • Pour être capable de lire les vidéos et les sons donnés en référence, il est nécessaire de se doter des plugins nécessaires pour la lecture des formats Youtube, Dailymotion, .avi, .flv, .mp4, .mp3, après avoir vérifié que ceux-ci donnent la mesure du temps écoulé de manière à pouvoir directement, en cas de besoin, se référer à la séquence particulière spécifiée comme source.
  • Bien que la dernière version disponible soit régulièrement mise en ligne, le texte présenté constitue un travail toujours en cours, et est donc susceptible d'être légèrement modifié de temps à autre. (todo: cette sorte d'invention d'un genre "ouvrage/web" plus intermédiaires que ceux qui existent déjà (et qui tendent trop vers la compilation de textes classiques ou au contraire le simple blog sans principe d'unification -cf MH) n'est pas dictée par le snobisme, mais par l'obligation de trouver une forme d'expression adaptée à la situation) (todo: justification du texte: je donne des cours à Audencia, donc je collabore moi-même au système, à la manière de ces techniciens modestes dont j'expliquerai plus loin l'attitude intermédiaire; Même si je la considère d'une certaine manière cela comme un moindre mal, je sais que je vends en partie mon âme au Diable en acceptant de travailler de cette façon. je pourrais mettre en avant d'autres aspects de mon parcours -ceux relatifs à mes travaux d'artisan en particulier- pour expliquer plus complètement ma démarche personnelle, au risque d'une forme de nombrilisme; cependant, la génèse de ce texte peut difficilement se passer d'un argument à propos de ma fonction de professeur: en tant que tel, j'ai un rôle éducatif que je n'ai pas vraiment choisi, mais que je ne peux non plus ignorer. Face à cette situation déplaisante, je passe mon temps, d'une certaine manière, à botter en touche en me contentant le plus souvent d'un rôle d'instructeur (et non d'éducateur), plus précisément en me cantonnant à développer et animer des jeux de simulation de gestion. Simulant des phénomènes généraux, prétendant les formaliser sur un plan axiologique neutre, je m'abstiens de porter le moindre jugement de valeur, et je revendique de surcroît le caractère artificiel de ma démarche, ce qui m'autorise présenter les différents mécanismes illustrés en toute indifférence. Ce que je perds en passion, je suis obligé de le compenser en habileté technique. J'y parviens assez bien si l'on en croit les évaluations de mes cours. Je dirais même que mon absence d'engagement sur le fond (je ne dis jamais rien du "sens du management" en salle de classe) me pousse vers le haut en termes de puissance formelle, de sorte que les étudiants puissent se dire "on n'a certes rien appris de concret, mais le prof est vraiment très bon dans son domaine". J'agis de la sorte en bonne partie parce que je ne partage pas l'idéal de la plupart des étudiants ou de l'institution elle-même, ce qui fait que le seul terrain d'entente possible entre nous se trouve être le terrain technique. Cela crée toutefois chez moi une sorte de trouble moral, dans le sens que j'ai le sentiment qu'un nombre d'étudiants (très probablement minoritaire) attendent et de ce fait d'une certaine manière méritent un discours sur le fond qui soit de nature à les sortir de leur isolement moral (de la même manière que les romans de Houellebecq, incompréhensibles à beaucoup, ont pu me paraître, ainsi qu'à quelques autres, profondément rassurants dans leur humanité). Mon rôle d'éducateur, je ne le renie donc pas entièrement, et c'est en fait la raison d'être de ce texte. Il sera probablement peu lu, il ne touchera qu'une faible proportion des étudiants que je verrai, par ailleurs, en salle de classe, mais il apporte sans doute beaucoup plus d'éléments de réponse que mes jeux de simulation à ceux qui seraient véritablement en quête de sens. Je souhaiterais qu'après sa lecture les étudiants concernés pensent de moi: "le prof n'est pas très bon, il a négligé tel point, oublié telle référence, il se contredit, il s'exprime mal; mais enfin par ses erreurs et sa sincérité, il m'a amené à réfléchir à des sujets que je n'avais pas encore envisagés, et en cela il n'a pas renoncé à sa fonction d'éducateur, voire de moraliste".


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